D+ = D- = 1270 m; T = 8 h 40
Après une nuit agréable dans un dortoir quasi-vide (lors de la résa,
on nous avait fait miroiter un dodo dans la salle-à-manger à cause du
monde, résultat on était 7 dans un dortoir de 22), lever à 5h du mat,
puis petit déj à 5h15. On se bouge pour avoir une chance de partir
avant la meute (groupe de 9 français et son guide). Résultat, à 5h50
on est sur le départ, parmi les premiers. Il fait déjà quasi-jour, et
on peut se passer de la frontale. La montée est tout de suite
fastidieuse entre gros blocs et dalles sculptées, à essayer de suivre
les bons cairns, car ici encore, il y en a bien trop, surtout des mal
placés... Bref, on finit par gagner des bandes de neige
discontinues sous la crête des Portillons, au niveau du Portillon
Inférieur. La progression est alors plus facile. Arrivés un peu
au-dessus de 2800m, on repère le bloc caractéristique sur la crête, et
quelques cairns balisent le chemin... mais malgré ça plusieurs
personnes passent outre et visent le pluviomètre situé trop haut sur
la crête (infranchissable à cet endroit là). On indique notamment le
chemin à un jeune français un peu égaré (qui se vautrera sans bobo
dans les gros blocs 2 minutes plus tard). Bref, on rejoint donc ce
fameux rocher (surmonté d'ailleurs d'un petit cairn), à partir duquel,
en traversant la large crête quasi-horizontalement (cairns), on gagne
le Portillon Supérieur, visible au dernier moment. De là, l'Aneto est
enfin visible, ainsi que le (long) cheminement pour l'atteindre. On
redescend quelques mètres versant Est, puis on gagne la neige pour un
petit moment (bonne trace, regel très faible). On croise alors un
groupe de 6 ou 7 personnes, visiblement des pays de l'Est, avec des
sacs monstrueux (duvet, tapis de sol...), mais pour seul matériel
d'alpinisme... un piolet. Une est même en baskets... Suit une
large zone de gros blocs assez chiante (cairns), et on atteint enfin
le glacier de l'Aneto, déjà pas mal abîmé : 2 pans en glace vive,
quelques petites crevasses apparentes, et une trace déjà bien
ramollie. On s'équipe : baudard, casque, piolet, crampons et on
s'encorde à une douzaine de mètres. La progression est facile même si
ça botte pas mal.10.1 On finit par arriver au col de Coronas (3196 m) où
l'on rejoint la voie venant du refuge de Coronas (vallée de
Ballivierna). La pente se relève un peu pour aborder le cône
sommital. On contourne la pointe O. Arenas (croix) puis rejoint un
névé après quelques blocs. En haut de ce dernier, on laisse crampons
et piolets, et on finit décordés dans les blocs. On arrive rapidement
à l'antécime d'où l'on découvre le fameux pas de Mahomet : un petit
bout d'arête aérien mais pas difficile (II) permet de gagner le sommet
orné de tout un tas de reliques. On se réencorde pour ce bout : je
contourne le gros bloc par la gauche (légère redescente, puis remontée
sur l'arête), puis réalise que c'était mieux de l'autre côté ! Je
poursuis un peu, fais venir Laurence. Encore une mini-brèche, un court
bout d'arête où l'on croise 2 fraçais qui redescendent, et ça y est :
le sommet est à nous, rien qu'à nous pour quelques instants. Il est
10h20. On contemple, prend quelques photos, consigne notre passage
dans le carnet du sommet, et mange un bout. Au thermomètre de la
croix, il fait 10°C, on est à 3404 m, un peu chaud, non ?
Arrivent alors 2 espagnols que Laurence prend en photo : ni une ni
deux, ils redescendent aussitôt (il faut dire qu'il y a quand même un
petit vent). On ne tardera pas non plus pour repasser le pas de
Mahomet avant la cohue : et ce sera moins une, car on croise déjà 3
personnes qui montent, et le groupe des français avec guide est à
l'antécime, prêt à aborder le passage.10.2 On redescend jusqu'aux
piolets-crampons pour manger un peu à l'abri du vent. Vu l'état de la
neige (et sans anti-botte) je me passe des crampons pour la
redescente, Laurence elle préfère les mettre (c'est bien pratique ces
anti-bottes, mais c'est un peu de la camelote tellement ça s'use
vite...). Je prends un peu d'avance et monte rapido à la pointe
O. Arenas d'où on a une vue sympa sur l'Aneto avec un peu de recul. La
redescente au col est assez rapide. On se réencorde alors pour le
glacier. Ça cogne dur : on croise encore des gens qui montent, dans
toutes les tenues possibles sauf celle de rigueur (short T-shirt, mais
crampons piolet, ou des gens seuls, ou baskets piolet, d'autres sans
sac...). On recroise entre autres la fille en baskets, toute seule,
mais c'est bon, elle a son piolet... On contourne par le haut les
bandes de glace, ce qui m'évite de remettre les crampons, et on en
termine avec la partie glaciaire. Suivent le passage des blocs, puis
les bandes de neige jusqu'au pied du Portillon supérieur où on croise
encore des gens en train de monter... no comment. Du Portillon, on
descend un peu trop, on remonte donc jusqu'au bloc caracatéristique,
duquel on rejoint facilement les bandes de neige qui permettront un
début de descente express en ramasse. Ça soulage les genoux, et c'est
tellement ludique ! Pendant ce temps une petite dizaine de personnes
sont restées sur la crête des Portillons, et galèrent à redescendre le
Portillon Inférieur (tout en caillasses). Pause bouffe (encore) à la
fin de la neige, puis c'est le tour des blocs en suivant les meilleurs
cairns, puis un vague sentier sur la fin : on arrive au refuge à
14h20, et voilà une bonne chose de faite. On mange un bout, puis sans
trop tarder entame la descente sur le Pllan d'Estañs, puis bus jusqu'à
la voiture. On fait un brin de rangement, puis avant le départ, on va
faire un petit bain de pied dans le ruisseau en contrebas, c'est le
pied ! On reprend donc la voiture, direction la France via Andorre,
mais sans savoir encore trop où on dormait le soir, on aura bien le
temps d'aviser d'ici là.