tour de la Meije --- avril 2006
Joli tour classique, mais tellement chouette autour de la Meije, au départ de Villar d'Arêne (pont d'Arsine), permettant de réaliser le tour complet en 4 jours. Si on est pressés, on peut facilement shunter la nuit à l'Aigle et en descendant par le Tabuchet si on est un peu tard, mais ce serait vraiment dommage, tant pour le cadre que pour l'ambiance!
La première étape (montée à Adèle Planchard) est assez fastidieuse, et l'altitude pourra se faire sentir, mais ensuite c'est plus tranquille (le sommet de la grande Ruine est facultatif, mais vaut cependant le détour). Si on craint la remontée sur le Promontoire, on peut aussi faire étape au Châtelleret, ce qui permet de monter au Promontoire et d'enchaîner sur la brèche de la Meije le lendemain matin à la fraîche.
Ci-dessous la description de chacune de nos 4 étapes, avec pour chacune d’elle l’album photos de la journée. Tour réalisé à 2, avec Pierre-Jean Ribeyron.
Remarques, commentaires ===> envoyez-moi un e-mail
Logistique :
1- Carte :
·
IGN 3436 ET Meije - Pelvoux
Attention : c'est une des rares cartes à avoir une équidistance de 20m (et non
10m) entre courbes de niveau... tout n'est pas aussi plat que ça en a l'air sur
la carte!!
2- Refuges :
Il est plus confortable de séjourner dans des refuges gardés, ce qui permet de prendre la demi-pension (voire la pension complète!). Par conséquent on évitera le refuge du Pavé, non gardé et glacial. Dans l'ordre donc :
· Refuge Adèle Planchard (STD) à 3169 m, gardé par Sylvie.
· Refuge du Promontoire (CAF) à 3082 m, gardé par Claude.
· Refuge de l'Aigle (CAF) à 3450 m, gardé par Jano.
3- Matériel :
L'itinéraire ayant lieu sur des glaciers bien crevassés, et comportant certaines sections raides, il faut donc emporter la totale : baudrier, quincaillerie traditionnelle de glacier, corde (30 m suffisent), piolet et crampons.
Ne pas oublier la crème solaire, ainsi qu'un bob ou une casquette car ça cogne fort en journée.
Itinéraire :
1- Jour 1 : 17 avril 2006 : Pont d'Arsine => refuge Adèle Planchard (3169m) D+ = 1500 m ; D- = 0 m ; T = 5 h 30 ; photos
Départ autour de 6h de
Grenoble pour démarrer pas trop tard. La route est déserte jusqu'à Villar d'Arêne.
2 personnes au départ du pont des Brebis (pour le Bec de l'Homme) et en
démarrant du pont d'Arsine à 7h25 (où le parking est plus que complet), on
distingue 3 personnes parties peu avant nous. Bon, les sacs sont lourds (on n'a
plus l'habitude) mais le début de la montée se passe tranquillement., d'abord
sur la piste de fond fraîchement damée, puis sur le lit de la Romanche
parfaitement comblée, notamment à la jonction avec le glacier de l'Homme.
On rattrape nos 3
prédécesseurs sous le refuge de l'Alpe, et le plat continue jusqu'à Valfourche.
On oblique alors plein Sud dans le vallon de la Plate des Agneaux pendant que
les 3 collègues filent sur le clôt des Cavales. C'est toujours plat... et on
désespère d'en finir un jour! Puis on arrive en vue de l'attirant couloir Nord
du col de Roche Faurio... en cours de traçage, et visiblement en conditions
(sauf peut être les 50 à 100 derniers mètres où la glace n'est pas loin). Vient
ensuite la brèche d'Alvau (inskiable, elle) puis celle de Charrière. Et pendant
ce temps, ça chauffe fort en rive gauche du vallon : les caillasses commencent à
débarouler, l'une d'elle finissant sa course sur la chaussure de Pierre-Jean,
tordant un peu le ressort avant de la fix (sans gravité).
Ouf, on arrive enfin à 2500m,
et il est temps de quitter cet interminable vallon pour s'engager dans les
"canyons". Aujourd'hui, nous prendrons celui de gauche, qui débouche sur des
pentes plus larges et interminables car ça commence à cogner fort.
13h00: on arrive finalement au
refuge blotti au pied du couloir Sud du col de l'Ange. La grande Ruine, premier
objectif du lendemain, semble toute proche. Je réalise que j'ai oublié fromage
et saucisson à la maison... ce sera donc omelette au refuge, avant 2h de récup
au calme, le refuge étant encore désert, mais dans un dortoir bien glacial.
On sera finalement 16 le soir
: 5 pompiers du GMSP 74 ainsi qu'un guide et ses 2 clients du 74 qui nous
accompagneront sur tout le tour, mais aussi un groupe de 6 hollandais (dont un
guide). Au menu : potage agrémenté de
biscotte et fromage, puis polenta saucisses poivrons puis un bon gâteau maison.
Pas de coucher de soleil sur la barre des Écrins car on se retrouve pris dans
les nuages en fin de journée.
2- Jour 2 : 18 avril 2006 : refuge Adèle Planchard => refuge du Promontoire (3082m) D+ = 1700 m ; D- = 1800 m ; T = 7 h 00 ; photos
Réveil à 6h30, 11°C dans le
dortoir, après une nuit calme sans ronfleur, c'est pas tous les jours! Petit
déjeuner avalé sans trop se presser, et le départ est donné à 7h35, peu après
les pompiers. Début de journée tranquille puisqu'on commence par l'ascension de
la grande Ruine, ie 600m de dénivelé depuis le refuge. Au niveau du col du
Diable, les pompiers déposent leurs sacs, ce qui nous permet d'arriver en tête à
la rimaye. On met alors les skis sur le sacs et on rejoint le sommet à pieds par
une courte pente raide, puis l'arête Est.
Panorama superbe à 360°, entre autres sur la face Sud de la Meije au pied de
laquelle se niche le refuge du Promontoire, but de cette journée. Je prends mon
temps pour contempler et prendre quelques photos, et du coup me retrouve seul là
haut, le bonheur! Allez hop, c'est pas tout ça mais la journée est encore longue
: je chausse les skis et m'élance, d'abord sur l'arête, large mais exposée,
avant de plonger à gauche rejoindre Pierre-Jean et les pompiers à la rimaye
alors que les hollandais y arrivent.
Descente agréable sur le glacier supérieur des Agneaux. Le passage au-dessus du
col des Neiges n'a pas vraiment l'air de passer... on traverse donc le col des
Neiges, ce qui nous amène bien en contrebas du col de la Casse Déserte... il
faut donc repeauter. Montée à skis jusqu'au-dessus de la rimaye, puis ça devient
trop étroit et comme il y a de bonnes marches, on finit tranquillement à pieds,
skis à la main, sous le cagnard.
Changement d'ambiance au col puisque le versant Nord qu'on doit descendre est de
visu : mal enneigé, lustré par de nombreux dérapages, avec une étroiture bombée
au départ, et quelques rochers affleurant plus bas... méconnaissable par rapport
à ma visite de mai 2003. Alors que les pompiers installent une corde en main
courante et se laissent glisser skis aux pieds, on joue la sécurité et passe en
crampons, sans regrets car c'était inskiable et bien exposé. On rechausse au
pied du raidillon final, et la descente sur le Châtelleret est bien agréable :
un peu de poudre tassée et de carton au début, puis une fois quitté le glacier,
de la bonne transfo, encore un poil dure en haut, mais excellent jusqu'en bas.
La suite est moins réjouissante : après avoir grignoté et bu un bon coup, c'est
la lente remontée vers les Promontoire, sous le cagnard, sans un souffle d'air
et sans assez d'eau... L'arrivée au Promontoire met fin à ce cauchemar, et il
fait bon se changer de la tête aux pieds avant de se gaver de pâtes, puis
d'aller faire nos 2 heures de récup. réglementaires dans le dortoir (muni de
couettes, le luxe!).
Première visite pour moi dans ce refuge mythique, au pied de la non moins
mythique Meije. Le refuge est quasi-plein ce soir (on est quelque chose comme
25). Au menu : potage (sans biscotte, ni fromage), veau et ... polenta (!!),
fromage et tarte à la noix. Ici encore on sera privé de coucher de soleil, pour
les mêmes raisons qu'au refuge précédent.
Visite obligatoire des toilettes : après avoir franchi un tunnel sous la neige,
il faut descendre quelques marches en neige béton (voire légèrement gelées) le
long du vide (une vague rampe en main droite), pour déboucher sur une immense
patinoire, qui se prolonge à l'intérieur desdites chiottes, le seul endroit non
gelé étant le trou! Attention à ne pas relâcher son attention au retour au
refuge, qui s'il est plus facile (on monte) reste néanmoins tout aussi glissant.
3- Jour 3 : 19 avril 2006 : refuge du Promontoire => refuge de l'Aigle (3450m) D+ = 1100 m ; D- = 700 m ; T = 5 h 30 ; photos
Réveil à 7h dans un dortoir surchauffé, et surtout après
une nuit moins agréable du fait de la présence d'un ronfleur d'assez haut
niveau. Horaire cool car la journée est a priori plus courte, et surtout pas la
peine de se presser pour passer le frigo en versant Nord de la Meije. Petit
déjeuner tranquille ici encore, animé par un petit imbroglio de chaussures
égarées... finalement résolu. Départ à 8h pour la première montée du jour : la
brèche de la Meije. On monte à skis jusqu'au pied du ressaut terminal qui se
gravit aisément à pieds côté gauche (Râteau). L'arrivée à la brèche est
saisissante tant la vue vers le Nord est époustouflante, avec entre autres la
plongée sur la Grave quelques 2000 m plus bas. On traverse la brèche sur son fil
vers la droite (côté Meije), avant de descendre (toujours à pieds) le versant
Nord jusqu'à la rimaye (parfaitement bouchée) dans un terrain mixte en très
bonnes conditions.
On rechausse les planches pour descendre jusque vers 3100 m au pied de la face
Nord de la Meije, puis on repeaute pour rejoindre le pied du couloir des
Corridors vers 3300 m (où il ne faut pas traîner car on est sous de monstrueux
séracs). On se laisse alors glisser (à peaux pour pas s'exposer bêtement aux
chutes de glace en dépeautant) jusqu'au pied du célèbre couloir du Serret du
Savon, le "gros morceau" de ce raid, qui passera finalement très bien (un vrai
escalier), bien moins stressant que la redescente merdique de la Casse Déserte.
La sortie du couloir permet de trouver (enfin) le soleil et... la foule : nos 5
pompiers ainsi qu'un groupe parti 2h avant nous du Promontoire. Large pause : on
bouffe, on se change (exit le collant), on boit, on téléphone même (aucun réseau
jusqu'ici).
Puis on redémarre par une courte montée vers l'Aigle. Il est 10h30 : on profite
donc pour faire un peu de rab! La Meije orientale n'étant pas skiable (et comme
nous y sommes déjà montés tous les 2 il y a quelques années), c'est vers le
doigt de Dieu que nous nous dirigeons, avec (enfin!) le privilège de la trace.
On stoppera peu en dessous de la rimaye du doigt de Dieu, vers 3800 m, avec une
certaine euphorie d'être là! Pause contemplative, puis descente panoramique sur
l'Aigle pendant que nos pompiers-avions ont expédié l'aller-retour à pieds à
la Meije orientale.
L'arrivée à l'Aigle est toujours un grand moment, si on rajoute à ça la
personnalité du gardien, l'inénarrable Jano Faure, c'est une étape qui devient
incontournable. On prend notre traditionnel déjeuner, servi très grassement par
Jano, puis on s'octroie nos 2 h quotidiennes de récup. On commence d'ailleurs à
être bien acclimatés, et on se repose vraiment.
Nous serons 12 ce soir, un bon nombre pour ne pas se marcher dessus tout en
étant suffisamment nombreux pour chauffer un peu les lieux! Le menu est un
festin : après le kir offert par Jano, potage de rigueur, puis viande rouge et
gratin dauphinois succulent, fromage et dessert (tartes variées), le tout
agrémenté des anecdotes et blagues de Jano, vraiment un super moment!
Pas de coucher de soleil (voir épisodes précédents...) et un accès aux toilettes
sécurisé mais néanmoins gazeux (pas trop envie de se lever la nuit!).
4- Jour 4 : 30 juin 2002 : refuge de l'Aigle => pont d'Arsine D+ = 0 m ; D- = 1800 m ; T = 1 h ; photos
Réveil à 7h30 (de plus en plus cool!) après une bonne nuit (pas de ronfleur) sous les couvertures, mais en passant un bras en dehors, petite sensation de fraîcheur : vérification faite, il fait 6°C dans la pièce, je comprends mieux! On se couvre donc pour prendre le petit déjeuner, avec au milieu des diverses victuailles... du Nutella, bigre, c'est la fête! On avale donc le petit déj' tranquillement, sachant que le départ pour notre descente du glacier de l'Homme n'est pas avant 9h. Les autres skieurs seront tous attirés par la poudreuse du Tabuchet, et quitteront le navire vers 8h30. Nous avons tout le temps de (re)faire nos sacs une dernière fois, de papoter avec Jano qui prépare un héliportage pour 9h30. On contemple encore et toujours le paysage qui s'offre à nous depuis ce nid d'aigle, et on est fin prêts pour 9h15.
Court raidillon au départ avec de nombreuses traces mal dégelées, mais ce ne sera pas gênant bien longtemps car la suite est large et commence à bien dégeler. Le cadre est grandiose, et le glacier parfaitement bouché, ce qui fait que la descente est plutôt tranquille. On contemple tant la muraille de sommets (Gaspard, Pavé) que les différentes formations glaciaires de l'itinéraire, avec à nos pieds le col du Lautaret. Le col Claire nous fait de l'oeil en passant à son pied, ce sera (peut être) pour une prochaine fois.
Après une petite heure de descente, nous voilà rendus à la fin de cette boucle, au pied du pas d'Anna Falque vers lequel se dirigent d'ailleurs 2 randonneurs. Petite partie de skating sur le reste de piste de fond (non damée ce jour!) et nous voilà au pont d'Arsine, avec des images plein la tête.