Une traversée de Chartreuse : col du Granier – col du Coq, dans un sens ou dans l'autre !

 

            J’ai souvent parcouru ce beau massif qu’est la Chartreuse, que ce soit à skis l’hiver, ou à pieds l’été et l’automne, mais jamais je n’avais entrepris de traverser le massif. Plusieurs possibilités sont offertes bien sûr, mais celle qui à mon avis est la plus sauvage et complète est la traversée Granier – dent de Crolles par les crêtes. Bien sûr, la traversée complète relierait Chambéry à Grenoble, mais ça me semble dur à faire en un jour sans courir ; d’autre part, la montée de Chambéry au col du Granier semble peu intéressante ; de l’autre côté, on peut éventuellement poursuivre du col du Coq par les crêtes du St Eynard, puis col de Vence, Bastille et Grenoble. Ne disposant que d’un jour, nous nous sommes donc ‘contentés’ d’aller de Tencovaz (sous le col du Granier) au col du Coq.

            Le chemin suivi n’emprunte qu’assez peu le GR, et c’est tant mieux ! On chemine ainsi plutôt sur les crêtes (Fourneau, grand Manti…) qu’en fond de vallon, donnant de belles vues sur Belledonne juste de l’autre côté de l’Isère, on voit pas grand monde, le chemin n’étant pas sur les cartes, et puis il faut de temps en temps chercher un peu le cheminement, rajouter ou compléter quelques cairns J L’idée de ce parcours nous est venue du livre « Les Préalpes du Nord » dans la collection des 100 plus belles (Denoël).

 

Logistique :

1-     Cartes :

·        3334 OT   Chartreuse Sud

·        3333 OT   Chartreuse Nord

2-     Logement : 

La plupart des haberts sont occupés en période estivale par les bergers ; il est donc recommandé si l’on veut passer une ou plusieurs nuits de prévoir le matériel de bivouac et de popotte.

3-      Transport :

Le plus simple et le plus rapide est de réaliser une navette de voiture : une laissée au col du Coq, l’autre récupérée en fin de balade à Tencovaz.

4-      Eau :

Pas simple de trouver de l’eau au cours de la traversée : au niveau du col de l’Alpette, il y a une fontaine praticable juste avant le point 1526; nous n’avons pas cherché la source de la Vieille mentionnée sur la carte à côté des ruines du habert de Barraux ; par contre, il y a une source d’eau potable juste à côté du habert de l’Aup du Seuil, c’est bon à savoir !

 

Itinéraire :

 18 août 2001 : Tencovaz  => col du Coq               D+ = 2140 m ; D- = 1810 m ; d ~ 25 km ; T = 10 h ; récit plus bas

 12 octobre 2003 : col du Coq  => Tencovaz          D+ = 1810 m ; D- = 2140 m ; d ~ 25 km ; T = 9 h ; profil

 08 octobre 2006 : Tencovaz  => col du Coq          D+ = 2140 m ; D- = 1810 m ; d ~ 25 km ; T = 8h30 ; profil

Départ à 8h du matin en ce 18 août 2001 à Tencovaz, il fait frais et il n’y a encore pas un chat ! On suit la petite route en terre qui mène à la piste du téleski des Frasses, puis on remonte un bon sentier qui remonte la piste, puis au sommet du téleski passe à côté d’un petit abri et serpente en forêt pour en sortir vers 1600 m. C’est du rentable, et la fraîcheur nous permet de monter rapidement (un peu trop même, mais on ne se refait pas…). Après une petite cheminée, le sentier vient buter sur la falaise, et part sur la droite (sorte de petit sangle) pour aller chercher la faiblesse de la muraille du Granier et sortir au prix de quelques escalades faciles sur le plateau vers 1900. On tire alors plein N pour atteindre rapidement le sommet (1933 m). On devine alors une bonne partie de l’itinéraire qui nous attend ! Après une courte pause, on repart plein S en traversant le vaste plateau sommital pour descendre sur le col de l’Alpette par le pas des Barres (câbles et barres métalliques facilitent la descente de couloirs bien patinés) ; on rencontre les premières personnes de la journée ! Peu avant le col de l’Alpette, on coupe S pour rejoindre le habert homonyme ainsi que le GR du Tour de Chartreuse (bon balisage rouge et blanc).On le suit sans problème jusqu’un peu au-delà des ruines du habert de Barraux, puis on le laisse en main droite pour s’élever SE en direction de la croix de l’Alpe que l’on ne voit qu’assez tard ! (1821 m) On va alors rester sur la frontière Isère-Savoie jusqu’au grand Manti, comme en témoignent les bornes frontières entre royaume de France (lys) et royaume Piémont-Sardaigne (croix de Savoie). On descend sur le col de l’Alpe juste en contrebas, puis on gagne le point 1768 au S, soit par une traversée descendante à flanc, soit en restant sur la ligne de crête de petites tours de calcaires (ludique, mais champêtre J). De là, un bon sentier (balisage par des ronds orange) mène à la pointe de la Rousse (point côté 1830) via le pas de la Rousse (sentier majoritairement sur la croupe). De ce point, on descend sur le flanc O à travers des lapiaz (balisage orange plus sporadique), puis on rejoint la ligne de crête plus au S par une traversée à flanc et une petite désescalade facile qui mène à une brèche. On descend un petit couloir (le marquage orange redevient suffisant) menant à nouveau sur le flanc O, et par une traversée à flanc, on revient à nouveau sur la ligne de crête au niveau du Fourneau. On passe par le point bas (passage du Fourneau, d’où il est possible de descendre sur Ste Marie du Mont, fin du balisage orange) puis on remonte toujours S en direction de la crête du grand Manti (escalade facile pour en gagner la crête, cairns). De là, on poursuit via la crête de l’Aulp du Seuil jusqu’au passage de l’Aup du Seuil, en progressant sur la crête ou sur le flanc O, à altitude sensiblement constante ou croissante (de temps à autre, on suit une vague sente ; long…).

Au niveau du passage de l’Aup du Seuil, on croise d’un coup plein de gens, montés depuis le col de Marcieu. On profite d’un peu d’ombre pour manger un bout, puis comme l’eau se fait rare (2 L chacun au départ, ça part vite), on projette de passer à la source du habert de l’Aup du Seuil, et c’est le réconfort, car l’eau tant espérée est là ! Et du même coup, on retrouve le calme… On remonte ensuite plein S le vallon de Marcieu (plusieurs sentes), puis on accède au col de Bellefond (1902 m). La dent de Crolles se rapproche J Du col, on remonte SE pour gagner la crête qui va nous conduire à la dent de Crolles : on chemine sur la crête ou sur le flanc O, via les pas de Montbrun et de Rocheplane (descente possible sur St Hilaire / St Bernard). Le balisage est ici donné par des flèches bleu et rouge. Plus loin, on descend les 3 ressauts (bien patinés) de la cheminée du Paradis pour passer au pied du Rocher Pointu (belle vue sur les impressionnantes parois E du Rocher du Midi). En restant toujours au voisinage de la crête (sur le flanc O bien sûr), on arrive finalement en vue de la nouvelle croix sommitale de la dent de Crolles, après un n-ième passage dans des lapiaz (nombreux cairns). Sommet de la dent de Crolles, on retrouve la foule ; derrière nous, le Granier est bien loin J Reste à effectuer une descente express par le pas de l’Oeille sur le col du Coq, et retourner chercher la voiture du matin à Tencovaz.

 

Commentaires :

Au terme de ce long voyage, quelques courbatures bien sûr, mais une super journée, et un cheminement très bien trouvé (merci les 100 plus belles !).

Plus on avançait, plus le Granier s’éloignait dans notre dos, et la dent de Crolles elle se rapprochait (logique !).

Il doit être encore plus beau de faire cette traversée une belle journée d’automne, lorsque les arbres ont mille couleurs, et que la vue est plus dégagée, sans brumes de chaleur.