FRA  LI  MONTI : le GR 20 – partie Nord, été 2002

 

 

Le GR 20, sensé être une consécration pour le randonneur, est à la hauteur de sa réputation. Dans son intégralité, de Calenzana à Conca, les topos proposent une traversée en 16 jours : 9 de Calenzana à Vizzavona (la partie Nord, la plus alpine, décrite ici), et 7 de Vizzavona à Conca (la partie Sud), sachant qu’a priori on ne peut bivouaquer qu’à proximité des refuges (bivouac aménagé). Il y a moyen d’aller plus vite évidemment en doublant certaines étapes, mais il est également intéressant de prendre un peu de temps pour gravir les quelques sommets marquants que l’on côtoie, tels que Paglia Orba, Monte Rotondo et Monte d’Oro pour la partie Nord.

Ci-dessous la description de chacune de nos 8 étapes de la partie Nord, avec pour chacune d’elle le profil et l’album photos de la journée.

 

Remarques, commentaires èèè envoyez-moi un e-mail

 

 

Logistique :

1-     Cartes :

·        IGN 4149 OT       Calvi

·        IGN 4250 OT       Corte – Monte Cinto

·        IGN 4251 OT       Monte d’Oro – Monte Rotondo

·        Topo-Guide FFRP : À travers la montagne corse

 

2-     Refuges : 

Le bivouac est interdit dans le parc, il est aménagé à proximité des refuges. Ceux-ci sont tous gardés pendant l’été. Il n’existe pas de système de réservation : le premier arrivé est le premier servi. Il y a souvent moyen de manger, et ravitailler un peu (fromage, charcutaille, mais pas de pain). Douche et WC à chaque refuge.

 

3-      Transport

Bateau ou avion, puis éventuellement train ou bus pour rallier Calvi. On peut alors acheter de la charcuterie locale et du fromage local avant de démarrer. Pour rallier Calenzana, c’est soit le bus scolaire soit le stop… soit le taxi.

Une fois à Vizzavona, on peut rentrer facilement sur Ajaccio, Bastia ou Calvi avec le petit train (à condition de pas être pressé… les correspondances avec les avions et bateaux ne sont pas assurées J).

 

Itinéraire :

 

1-     Jour 1 : 27 juin 2002 : Calenzana => refuge Ortu di u Piobbu        D+ = 1350 m ; D- = 60 m ; T = 6 h 20 ; photos

 

Réveil à 6 h, les autres foldingues du camping se sont levés à 5 h, et partent quand on se lève, hallucinant ! Il faudra bientôt se lever plus tôt en rando pédestre qu’en rando à skis… Suite à un problème de plaque électrique, pas de chaud ce matin, on se contente donc d’un yabon chacun, et c’est parti : on met les voiles à 7 h, et on entame la montée sous un soleil déjà sensible. Petite pause à la bocca di Ravalente où on rejoint 3 allemands, le poste de radio à la main (y aurait-il un match de foot ?!!). Suit la longue traversée en versant Ouest (donc encore pas mal à l’ombre) et la montée vers la bocca a u Saltu où on arrive peu après 10 h en ayant doublé 3 canadiens, et rattrapé sur la fin un couple français et les 3 jeunes, bref ceux qui étaient partis une heure avant nous, ah ha ! Pause un peu plus longue, et c’est reparti, en traversée sur le flanc Est : les nuages montent, et on perd 10 minutes à cause d’une petite erreur de sentier… on a raté le balisage, faut le faire ! Mais on n’était pas les seuls, ce sont 2 petits jeunes belges qui nous ont mis la puce à l’oreille. Il faut dire que,  malgré un balisage irréprochable sur le sentier, il n’y a jamais de croix indiquant la mauvaise direction aux intersections. Il va donc falloir ouvrir l’œil ! On reprend donc le bon sentier, et on continue par une montée dans de petites barres (un vieux bout de câble inutile) pour finalement déboucher à la bocca a u Bassiguella, où on retrouve de la verdure (sorte de terrain de golf !). On continue à monter légèrement pour passer sur l’autre flanc de la montagne, et le refuge est bientôt en vue, mais il faudra encore une bonne heure de marche pour y parvenir, avec un peu de débroussaillage et de crapahute hors-sentier sur la fin. On entame alors le lonzo et notre tome corse, avant de monter la tente et de buller un peu, le tout après une bonne douche réconfortante. Au menu du soir, soupe légumes-céréales + tortellini à la viande, miam !! Dodo à 21 h.

 

 

2-     Jour 2 : 28 juin 2002 : refuge Ortu di u Piobbu => refuge de Carrozzu    D+ = 650 m ; D- = 900 m ; T = 6 h 50 ; photos

 

Réveil à 6 h, la plupart sont déjà partis, mais on s’y habitue ! Petit déjeuner peinard. Le vent s’est levé, et l’altimètre a pris 25 m dans la nuit, méfiance ! Départ à 7 h :légère montée, puis descente sur les ruines de Mandraccia (où on double 2-3 groupes) avant d’entamer la montée du jour sous un ciel devenant bien menaçant, mais on l’avait senti venir. On évolue la plupart du temps sur des dalles ou bien de bloc en bloc, il n’y pas vraiment de sentier. On se prend quelques gouttes, mais le vent violent aura raison des nuages : en quelques minutes, le ciel qui était bien menaçant et uniformément gris redevient bleu éclatant. On arrive ainsi sous un ciel dégagé à la bocca Piccaia, mais alors qu’est ce que ça souffle ! La vue est superbe sur le Cinto, la Paglia Orba, le Tafunatu, ainsi que Calvi et la mer dans notre dos. C’est vraiment surprenant, mais on est en montagne au bord de l’eau ! Au-delà du col, on continue à s’élever dans les rochers pour passer sur le flanc Sud du Capu Ladroncellu. Par un cheminement astucieux mais digne des montagnes russes, on parvient au col d’Avartoli. Le vent est toujours violent, mais le ciel est bleu. Deuxième pause de la journée, puis on repart, d’abord sur le flanc Est, puis on repasse en versant Ouest, toujours par un cheminement qui a l’air plat, mais qui n’arrête pas de monter / descendre. On arrive finalement en contrehaut de la bocca Carrozzu sur laquelle on descend. Il reste alors 600 m de descente sur le refuge Carrozzu, et le début est éprouvant car raide et dans les pierres. Ça se calme un peu par la suite, mais alors c’est le gros cagnard qui prend le relais et nous assomme. Troisième pause de la journée, à l’ombre !! Avec la blague du jour : une étendue de palmiers est une palmeraie, une étendue de pins est une pinède, et une étendue de boulots est… une usine, ah ha, elle est excellente !! Bref, après la pause, on finit la descente sur le refuge où, pour s’économiser notre fromage et lonzo, on s’envoie une omelette, une assiette de charcuterie et un gâteau aux châtaignes, le tout arrosé d’eau gazeuse, c’est la fête ! On choisit notre emplacement, puis après une petite lessive, c’est l’heure de la baignade. On descend donc en espadrilles et maillot de bain à la rivière, et après 2 photos à faire les cons sur la mythique passerelle, on se trouve une vasque, et on s’y prélasse longuement (un peu dur d’y rentrer, mais une fois dedans, mmmh !). Température estimée : 16°C environ. C’était extra avec un cadre féerique : au milieu des montagnes bien rouges dans le coin. Les bonnes choses ont une fin, on remonte au refuge, on plante la tente et repas : fin de la soupe légumes-céréales + pâtes sauce 4 fromages, miam ! Suivi de pain d’épices et tisane, royal. Après prise de renseignements auprès d’un des gardiens, on va tenter de doubler l’étape comme le suggérait KOW, et prendre la variante des crêtes. On tarde donc pas, et à 20 h 30, c’est dodo ! 

 

 

3-     Jour 3 : 29 juin 2002 : refuge de Carrozzu => refuge de Tighiettu    D+ = 1525 m ; D- = 1035 m ; T = 13 h 10 ; photos

 

Réveil à 4 h 30, ça y est, nous aussi on a pris le virus du lève-tôt. En fait, on a la monstre étape à réaliser ! 2 gâteaux de châtaignes chacun au petit déjeuner, miam !! Plus un bon thé, et c’est parti : à 5 h 25, on est sur le départ. La redescente sur la passerelle nous est bien familière. On franchit un par un la passerelle, bien lestés par les sacs. Puis on remonte longuement la rive gauche de la Spasimata, quasiment tout le temps sur des dalles, ça doit être bien exposé par temps pluvieux… Puis on s’élève plus précisément vers le lac de la Muvrella, petite flaque blottie dans son nid de roche. Toujours dans l’ombre, on gagne la brèche juste au-dessus, puis toujours avec Calvi dans le dos, on descend légèrement avant de remonter sous la bocca di Stagnu. C’est là que démarre la variante des crêtes (piquet) correspondant en fait au tracé authentique du GR, et qui nous évite de redescendre sur Asco. Pause yabon au premier rayon de soleil de la journée, puis on démarre les crêtes, où très vite le balisage du GR réapparaît, complété par des cairns (il a été volontairement masqué sur le début de la variante). On croise quelques vaches, et les sensations sont géniales, c’est à ne pas rater. Après un petit sommet (punta Culaghia, 2034 m), on contourne par la droite avant de rejoindre un col, sous l’œil de 3 mouflons, redescendant ensuite sur le ‘vrai’ GR. Repause avant la descente qui nous mène au-dessus de l’arrivée du téléski. Après avoir traversé quelques aulnes, on récupère donc la voie normale vers 1870 m. Suit alors une remontée pénible (chaud) jusqu’au site de l’Altore (ancien refuge ayant brûlé) où on trouve une source bienfaisante pour nous : on refait le plein d’eau, et va pouvoir attaquer la suite sereinement. Pose de quelques cairns pour signaler la source (en contrebas, au niveau du torrent), puis pause à l’abri d’un rocher avec un peu d’ombre (il est 13 h !) pour enfin bouffer ! C’est l’heure de la tomme corse et du lonzo. Repos prolongé avant de reprendre juste derrière 2 belges avec qui on fait route depuis Calenzana, eux aussi ayant craqué pour cette variante des crêtes. Montée à la bocca Tumasginesca (col Perdu) dans un décor lunaire, et on débouche au-dessus du fameux cirque de la solitude, glllps, ça a l’air impressionnant, notamment la remontée juste en face. On range les bâtons dans le sac, puis c’est parti : ça commence par des passages raides équipés de chaînes, parfois plus gênantes qu’autre chose. Puis on continue à descendre, sans chaînes, en empruntant temporairement une sorte d’escalier naturel en roche noire (basalte ?) au milieu d’une roche majoritairement rouge. On croise un bus de teutons peu aimables, puis on arrive enfin au point bas. Pas question ici de défaillir car l’échappatoire se fait par le haut, pas d’issue par le bas… Une nouvelle pause s’impose avant… de remonter en face ! La fatigue commence à se faire sentir, et la progression est douce pour éviter l’accident bête. Encore quelques passages équipés de chaînes (une échelle même), puis on récupère une sorte de sentier dans la pierraille pour sortir à la bocca Minuta, finalement pas si impressionnante que ça. Enfin bon, le cirque de la solitude est vaincu, il ne reste plus qu’à descendre sur le refuge Tighiettu, quelques 550 m plus bas. Une bonne pause avec nos amis belges et on attaque, c’est vrai quoi, on n’est pas d’ici ! Les jambes sont de plus en plus lourdes, mais on finit par arriver au refuge, ouf ! Plus grosse journée de rando, record à battre, plus de 13 h ! Une douche froide mais tellement bienvenue, et on monte le camp à côté du refuge et des WC (ça nous change…), puis on bouffe à l’intérieur avec les 2 belges, le luxe ! Au menu : crème de légumes et 2 lyophilisés (purée jambon et poulet curry, bof bof), avec biscuits, tisane, et génépi en dessert. Très peu de monde au refuge, certainement du fait de la concurrence de l’auberge U Vallone 30 minutes plus bas (mais d’après nos sources, mieux vaut éviter cette auberge où seul le fric les intéresse…). Une longue journée s’achève avec un petit coup de génépi, pfou, on verra le résultat demain. Dodo à 22 h, demain grasse mat !!

 

 

4-     Jour 4 : 30 juin 2002 : refuge Tighiettu => refuge Ciuttulu di i Mori        D+ = 645 m ; D- = 350 m ; T = 4 h ; photos

 

Réveil à 7h15, après une nuit réparatrice. Il est tombé 3 gouttes pendant la nuit, et il y a du vent… mais je n’ai rien entendu ! Préparation tranquille, achat de biscuits corses (les fameux canistrelli) pour le petit déjeuner, et finalement on prend le départ à 9h20, après avoir délogé vache et veau qui avaient pris place sur notre campement ! Descente sur l’auberge U Vallone, puis cheminement à plat en forêt très agréable… enfin un sentier digne de ce nom ! Ensuite on attaque la montée au col de Foggiale. Il faut se rappeler qu’on est sur le GR 20, donc on retrouve inévitablement un cheminement dans des barres, bien agréable, mais qui le serait encore plus sans ce fichu sac !! On arrive finalement au col sous un vent assez violent, et le ciel devient bien chargé. Petite pause abricots secs à l’abri d’une grosse pierre, avant de repartir et contourner une petite épaule pour gagner le refuge, avec plein d’emplacements de bivouac de luxe (sable et gazon !). Malgré un ciel peu engageant, on laisse les sacs, et on monte à la terrasse du refuge pour bouffer. Le Tafunatu et la Paglia Orba sont pris dans les nuages, et on croirait voir un volcan en activité en observant la fumée (nuages) sortir par le fameux trou du diable. On finit le pain et le fromage accompagné de lonzo, car (normalement) demain c’est ravito ! Le spectacle est hilarant : on a droit à un authentique morceau de vie corse entre un berger et l’ ‘état major’ , zappant du français au corse, avec un accent excellent. Le tout sur fond de match Allemagne-Brésil en direct sur la petite radio du gardien : on est rattrapés par la coupe du monde, incroyable ! Tous les corses sont pour le Brésil, et un pauvre couple d’allemands tombés là la mauvaise heure le mauvais jour : le Brésil devant gagner par 2 à 0, les allemands se sont bien fait chambrer, c’était excellent !!! En plus de tout ça, un garde (?) du parc étudie la population d’accenteurs alpins : 2 pièges sur la terrasse, et de quoi mesurer, peser et baguer l’oiseau. Et on a droit à une démo en direct, super chouette ! J’espère que le ciel va finir par se découvrir pour pouvoir monter à la Paglia Orba, sommet incontournable, reine des montagnes. L’amélioration est venue malheureusement un peu tard, je me suis donc contenté de monter au col des Maures pour observer les 2 faces qui l’enserrent (Tafunatu et Paglia Orba). Puis dans l’élan, je suis monté sur les flancs de la Paglia Orba pour retrouver le soleil émergeant au-dessus du Tafunatu, éclairant le trou en contrebas, superbe ! Redescente express et dîner : crème de légumes II + tortellini épinards + tisane, miam ! Tout ça sous l’œil attentif du gardien qui, en bon corse, tente de convertir Laurence à la condition de la femme corse !! Après avoir pris quelques renseignements, décision est prise de ne pas descendre ravitailler à Evisa : on fera le plein à l’auberge de Castel di Vergio. Mais je compte bien me faire la Paglia Orba demain avant de partir donc… dodo à 21 h.

 

 

5-     Jour 5 : 01 juillet 2002 : refuge Ciuttulu di i Mori => refuge Manganu    D+ = 640 m ; D- = 1025 m ; T = 9 h 20 ; photos

 

Réveil à 5 h pour moi, petit déjeuner aux biscuits corses, et je démarre à 5 h 20 l’ascension de la Paglia Orba en solo et sans sac ! Montée rapide sous le col des Maures, puis remontée du couloir parsemé de blocs rouges, puis à droite avant l’arête un couloir plus étroit et plus vertical à remonter bien à droite (corde fixe pour le crux). Ensuite, ça se calme et tourne à gauche pour gagner une brèche sur l’arête. Très belle vue sur la face NO, un pas expo, et par des terrasses on gagne l’antécime… obligé de redescendre pour gagner au loin le sommet qui se mérite (ça n’en finit pas !). Vue fantastique du sommet : la mer au Nord, à l’Est, à l’Ouest, le Cinto, et l’ombre du sommet sur le golfe de Porto, unique ! En redescendant, je tombe sur 3 du groupe des 5 français (bermuda-salopette + infirmier), et 1 renonce au sommet et redescend avec moi… c’est un aixois, grand connaisseur de la Sainte Victoire, excellent ! Je rejoins Lolo pour le petit déjeuner yabon, encore avec les blagues du gardien, qui cherche à inculquer les bonnes manières à Laurence, mais en vain !! On entame la descente sur Castel di Vergio à 8 h 30, en longeant le Golo, plein de vasques magnifiques… il faudra revenir, on n’a pas osé s’y baigner malgré les appels d’une nymphette allemande : le ciel est bien gris, et on n’est pas d’ici ! On fait une halte chez le berger ‘le plus connu d’Europe’ à la bergerie d’E Radule pour un fromage de chèvre sec, délaissant à regret le Bruccio, intransportable… La suite est un peu interminable pour finalement déboucher sur la route du col de Vergio : la civilisation, et la deuxième voiture aperçue est 38 !! Bon, on ravitaille à Castel di Vergio, gîte-auberge un peu glauque, qui fait limite désaffecté, face à la triste station de ski (2 téléskis, interdits aux chiens / piétons / surfs / luges, eh hé, tout le monde dans le même sac !!). On s’envoie un gâteau aux châtaignes, miam !! Accompagné de café pour Laurence, bière pour moi. Et le portable passe (Itinéris), incroyable. On repart à midi pétantes pour la montée à Manganu. Long cheminement à plat très agréable, puis montée au col Saint Pierre un peu plus raide (pause). Ensuite montée régulière jusqu’à bocca a Reta, sous un ciel gris, il fait pas trop chaud, c’est cool. Le paysage a complètement changé : c’est beaucoup moins minéral. On aperçoit au loin le Tafunatu (et le trou) et la Paglia Orba bien sûr ! Pause détente dans l’herbe au niveau du col, revigorant, puis descente sur le beau lac de Nino face à la punta Artica… encore un sommet taillé pour le ski ! On mange un bout, puis on repart pour un bon bout de plat au milieu d’un vrai zoo :chevaux, cochons sauvages, vaches, veaux… La descente est ensuite douce, ça fait du bien, le long du Tavignano et ses vasques. Le paysage change encore… c’est vraiment chouette, et après le passage à côté d’une bergerie, on traverse un grand marécage avant de monter au refuge qu’on voyait de loin, blotti au pied des aiguilles de Capitello. On y retrouve nos 2 amis belges, mais surtout pas mal de monde en général, ça nous change. Grosse journée avec surtout beaucoup de distance, pfff, avec la Paglia Orba en plus pour moi… on est bien claqués. Douche froide, mais tellement bienfaisante, lessive, montage de tente et bouffe : soupe chinoise + spaghetti pomodoro, miam ! Le ciel est changeant… difficile de dire si le beau ou le mauvais va l’emporter. En tout cas, il a fait gris toute la journée, on s’est pris 3 mini-averses, et la température fut idéale pour une grosse journée comme ça ! Demain, ça semble plus tranquille, en plus le névé tant redouté derrière la brèche n’est pas là, cool ! Gros dodo à 22 h.

 

 

6-     Jour 6 : 02 juillet 2002 : refuge Manganu => refuge Petra Piana        D+ = 790 m ; D- = 500 m ; T = 7 h 10 ; photos

 

Réveil à 6 h, un peu de mal à se lever, la journée d’hier est encore dans les pattes. L’altimètre a pris 25 m, le vent souffle, mais… la journée sera belle et chaude, bienvenue en Corse ! Comme indiqué à Ciuttulu pour la météo : beau et chaud toute l’année. Bref, petit déjeuner avec biscuits corses, le gardien a disparu, et on décolle finalement à 7 h 30. 600 m de montée à la brèche de Capitello, où on retrouve bien vite un paysage rocailleux, mais moins rouge qu’au Nord de Castel di Vergio. On passe à côté d’un petit lac, puis la montée finit dans les éboulis. Vue splendide au débouché de la brèche, sans névé comme prévu. Courte pause avant de redescendre en tirant à droite toute pour aller cheminer en versant Sud derrière le cirque de Capitello. Le spectacle est assuré par un hélicoptère privé qui se pose une fois près de la brèche d’où l’on vient, et une seconde fois sur le bord du lac de Capitello. On apprendra plus tard que c’est France 3 qui fait un reportage sur le GR 20 ! On croise dans un passage un peu délicat une pimbèche qui trimballe 10 guignols et s’octroie la priorité ! Puis par une traversée assez longue, on arrive à la bocca a Soglia. Petite pause et ça repart : on opte pour un déjeuner près du lac de Rinoso. On traverse de nouveau sur des gros blocs avant de remonter dans les aulnes au col de Rinoso : vue d’ici, la brèche de Capitello est vraiment très impressionnante, et son exposition au-dessus des barres est évidente, ça doit être flippant par neige dure là haut ! On se trouve un super coin pour bouffer (un peu au cagnard cependant) : lonzo + tomme de Radule, miam ! Le tout arrosé de génépi, yes ! La reprise est dur : on avale péniblement la bocca Muzzella, et on entame sans pause la descente sur le refuge de Petra Piana, douce au début, puis les 200 derniers mètres sont plus raides, le tout sous le cagnard car le vent s’est calmé. On se siffle alors une bière corse en arrivant avec 2 parts de gâteau (châtaignes et fruits), il faut se soigner. Ça tape dur, et ça bourgeonne bien en fin d’après-midi. Repas : fin de la soupe chinoise + spaghettis carbonara, allongées d’autres spaghettis laissées par un autre groupe, cool ! On se couche vers 21 h, enveloppés dans les nuages, et le vent soufflera pas mal pendant la nuit. Au programme de demain : le Rotondo, deuxième sommet de Corse, avant l’étape.

 

 

7-     Jour 7 : 03 juillet 2002 : refuge Petra Piana => refuge Onda    D+ = 1095 m ; D- = 1485 m ; T = 9 h 40 ; photos

 

Lever repoussé à 7 h, on déjeune assez vite, et en laissant tout sur place, on part pour le Monte Rotondo avec seulement 1 L d’eau et quelques barres. Le ciel est limpide, c’est cool, et l’itinéraire est jalonné de cairns : par une brèche évidente depuis le refuge (brèche Chiosu, mal indiquée sur la carte), on bascule dans le cirque du Rotondo. Petite redescente sur un petit lac, puis on surmonte le déversoir du lac Bellebone, superbe miroir des falaises environnantes, malheureusement bien froid. On le contourne par la droite puis de bloc en bloc, on gagne le col du Fer de Lance. En longeant l’arête par la gauche, on gagne bien vite le sommet sous lequel se trouve un abri (Helbronner). C’est un bien beau belvédère, étant assez isolé. Après une bonne pause, on redescend au refuge, puis on bouffe, et on tombe sur le couple français du début, ainsi que le groupe des 5 français. Ils arrivent de Manganu, et nous éclaircissent au sujet de l’hélicoptère : c’est France 3 qui fait un film sur le GR 20, et qui tourne des séquences sur le GR lui-même, et d’autres dans les refuges, où l’infirmier s’est taillé une certaine popularité ! Bon, on repart peu après 13 h pour le refuge de l’Onda en passant par la variante des crêtes (encore une fois, c’est une variante maintenant, mais cela correspond au tracé initial du GR). Le vent souffle fort, il fait donc moins chaud mais ça fatigue pas mal. L’hélico de France 3 rode encore dans les parages : après un moment au refuge de Petra Piana, le voilà qui se pose peu derrière nous : on y a échappé de justesse ! Le ciel noircit pas mal, et on ne s’attarde pas trop. Suit la longue descente sur le refuge de l’Onda, où les genoux commencent à tirer. On arrive fatigués à l’Onda, grande pelouse camping au milieu de cochons, chèvres, chevaux, chiens… bonjour l’odeur ! Et c’est nous qui sommes dans l’enclos ! Du coup je finis malade (soleil ?sauc ? odeur ?) et me couche illico, abandonnant Laurence pour se faire la tambouille.

 

 

8-     Jour 8 : 04 juillet 2002 : refuge Onda => Vizzavona        D+ = 660 m ; D- = 1140 m ; T = 7 h 50 ; photos

 

Terrible nuit : malgré la fin de les nausées, le vent a soufflé toute la nuit, et on s’est même pris la pluie, pfou, dur dur… Du coup lorsque le réveil sonne à 7 h, on est réveillés depuis un moment, mais la motivation n’est pas grande. On finit par se lever, on s’équipe tant bien que mal, et le K-way est de rigueur. Les affaires volent dans tous les sens, et le pliage de la tente n’est pas simple. Après un petit déjeuner vite envoyé, on prend le départ sous un ciel chargé et un vent hallucinant, qui se renforce encore lorsqu’on aborde la crête. La montée au col de Muratello se fait entièrement sur la crête, on est en plein vent et j’ai rarement vu ça : ça souffle autour de 100 km/h, et pas en rafales… en continu, si bien qu’il n’est pas toujours évident de tenir debout ! Je sors même les gants tellement l’ambiance est fraîche. Bref , le col est atteint en environ 2 h, mais on est bien contents de sortir de cet enfer. Le Monte d’Oro tout proche est sous une chape de nuages (un peu plus bas, variante balisée par des ronds jaunes pour y monter), et c’est sans s’attarder qu’on entame la descente… sans vent ! Et là, magie de la Corse, en l’espace de peu de temps, le ciel vire de tout gris à grand bleu, c’est incroyable, mais on va pas se plaindre. On profite donc un peu plus bas d’une belle vasque pour se poser et se baquer, si on nous avait dit ça ce matin… Ça fait un bien fou, même si c’est plutôt froid (certainement autour de 16° encore). On voit passer 2 canyoneurs, et surtout, alors qu’on était en train de bouffer peinards au bord de notre vasque, toute une famille teutonne décide de s’installer là… y a pas à dire, ils sont vraiment lourds ! Il y a mille et une vasques dans le coin, et ils viennent nous pomper l’air… M’enfin, on plie donc bagage et on se casse ! Le chemin s’adoucit, puis on passe à la cascade des Anglais, véritable aqualand naturel où on retrouve la civilisation (on est alors à moins d’une heure de Vizzavona, et c’est noir de monde). On poursuit alors sans regret, et au terme d’un sentier relativement long, on parvient enfin à Vizzavona, 8 jours après être partis de Calenzana. On s’installe au ‘camping’ derrière les voies, gratis, avec douche chaude à 1 euro à la gare, fabuleux ! On croise d’ailleurs à ce moment là le couple de français revu à Petra Piana : ils ont aussi mal dormi que nous, et ont préféré doublé et éviter le refuge de l’Onda, bien joué ! Un peu plus tard, invasion du camping par des scouts : ils déballent leur merdier quasiment sur nos sacs. Je vous laisse deviner leur nationalité… teutons, évidemment… heureusement qu’on en a aussi croisé des sympas, sinon on aurait vite fait de généraliser. Le pompon étant quand même qu’au matin, ils se sont cassé en laissant leur poubelle, bel exemple… Un peu de farniente, et puis on se tape le resto du chef de gare (c’est lui qui fait tout : épicerie, restaurant, gestion de la douche, chef de gare !!). Ça fait du bien de retrouver des crudités et de la viande !! Enfin voilà, le GR 20 Nord est derrière nous, fabuleuse expérience de 8 jours qui s’est déroulée sans accrocs, et qui donne la véritable image de la Corse : une montagne plantée au milieu de la mer. Maintenant c’est la glande : demain, la plage !