Une traversée de Belledonne : Allevard - Prabert

 

 

Je n’étais quasiment jamais allé en Belledonne en été, enfin disons sans les skis aux pieds. Ce petit raid a ainsi permis de combler ce manque grave, mais comme on ne se refait pas, il a été également l’occasion de découvrir de nouveaux espaces où aller traîner ses spatules l’hiver prochain, comme la vaste vallée du Veyton , que je ne connaissais que sur le papier : l’approche y est plutôt ingrate, mais alors quelle mine de courses dans ce haut Veyton, avec comme camp de base le chalet du Merlet. D’ailleurs cette traversée réalisée à pieds reste à mon avis valable en ski de rando !

Belledonne, la haute montagne aux portes de Grenoble, ça reste si vrai. Une grande partie du massif est encore à l’état sauvage : pas de sentiers ni de balisages, on se croirait au temps des pionniers ;-) Blague à part, lors de la traversée du Merlet sur la combe Madame, nous avons croisé … 2 personnes ! Moins qu’en hiver ! Vraiment de ce côté là, ça a été un véritable bonheur de chercher son chemin, d’aller de col en col en la seule compagnie des chamois et marmottes. Même si il faut le reconnaître, l’absence de sentier rallonge un peu les horaires habituels calculés sur des GR ! J’ai procédé à l’édification ou la complétion de nombreux cairns (montée au col de Morétan, à celui du Tépey, à celui du Mouchillon, traversée col de la Vache – pas de la Coche).

Ci-dessous je décris nos 3 jours de raids (4 prévus initialement, mais la météo nous a chassés…), et je propose à la fin une manière de ‘boucler la boucle’ en arrivant quasiment à Grenoble.

Nous sommes partis en autonomie pour 4 jours (matériel de bivouac, pas de tente), mais finalement il y a moyen de dormir sous un toit tout en étant seuls !

            Enfin, désolé mais il n’y aura aucune photo : suite à un départ à l’arrache, j’avais plus de pelloche L

 

Logistique :

1-     Cartes :

·        3433 OT   Allevard

·        3335 ET    Bourg d’Oisans, l’Alpe d’Huez

·        3335 OT   Grenoble

2-     Refuges : 

·        chalet du Merlet, alt. 1920 m : vallée du Veyton, à proximité du point 1941 (chalet inexistant sur les vieilles cartes) ; accès indiqué et balisé depuis le pont du Veyton ;

10 couchages ; pas de couvertures ; un poêle ; du bois à foison ; prise d’eau à proximité ; très propre ; ouvert l’hiver (mais souvent bien recouvert)

·        gîte d’alpage de la combe Madame, alt. 1784 m : combe Madame, à l’emplacement du point côté 1784 (gîte inexistant sur les vieilles cartes) ; accès indiqué et balisé depuis la Martinette

19 couchages ; couvertures ; gardé de mi-juin à mi-septembre ; 60 FF la nuit en hors sac ; un poêle et du bois ; prise d’eau à proximité

3-      Transport

·        Grenoble > Allevard : bus VFD au départ de la gare routière de Grenoble ; 37 FF ; ~1 h

·        Prabert > Grenoble : en stop, ça marche normalement pas trop mal, sauf cette fois ci pour nous… attention, pas de cabine téléphonique à Prabert…

 

 

Itinéraire :

1-     Jour 1 : 01 août 2001 : Allevard => chalet du Merlet             D+ = 1500 m ; D- = 20 m ; d ~ 14 km ; T = 5 h ; profil

 

Arrivés à midi en bus à Allevard, nous achetons et mangeons un casse-croûte sur place avant de se lancer dans la longue montée au chalet du Merlet. On prend au début le sentier qui monte au Collet d’Allevard, puis on rejoint le pont du Veyon via les Panissières (légère redescente). Là, c’est la remontée monotone de la route carrossable (un peu défoncée quand même) jusqu’au parking d’été à la Chevrette à 1116 m. On continue sur cette même route maintenant interdite à la circulation (plein de framboises !), puis arrivé sous le plan de l’Ours (juste avant le point 1293), on quitte la route qui continue sur Gleyzin pour monter par un bon sentier vers le barrage du Carré. On continue en direction de l’Aup du Pont, on laisse la passerelle 1744 pour Périoule (et ses moutons d’Arles) au niveau d’un vaste replat (la trace se perd un peu, elle monte sur la gauche, on retrouve vite cairns et marques jaunes). On débouche sur un nouveau replat vers 1900 m, le balisage devient un peu incohérent (2 traces, chacune avec une croix) ; il faut continuer tout droit en direction du torrent du Crêt du Biais, et on tombe sur le refuge, dans une petite cuvette. Contemplation du cirque du haut Veyton : pics N et S du Merlet, pointes de l’Aup du Pont, grand Morétan… Le col du Merlet est tout proche et constitue à mon avis l’accès hivernal le plus commode au chalet du Merlet au départ de la vallée des Villards.

Le col de Morétan est bien visible, et on peut se fixer un itinéraire pour le lendemain.

 

 

2-     Jour 2 : 02 août 2001 : chalet du Merlet => gîte de la combe Madame        D+ = 1500 m ; D- = 1600 m ; d ~ 10 km ; T = 8 h ; profil

 

Lever 7h pour une bonne et longue journée. Il fait grand beau, mais l’altimètre a pris 30 m pendant la nuit, méfiance. Départ vers 8h15, et déjà on devine un voile fibreux d’altitude. On traverse à flanc ou en légère ascendance le fond du cirque pour passer au S des lacs Morétan vers 2000 m. On continue encore vers l’O avant de remonter la moraine de feu le glacier de Morétan entre les têtes 2499 et 2398. Au replat vers 2350 m, on arrive en vue du col que l’on gagne par des pentes de neige peu raides. On bascule alors versant Gleyzin, et le but du jeu est de descendre le moins bas possible en contournant l’arête O issue de la pointe du Gleyzin (point bas vers 2200 m). Le temps s’est franchement couvert, et on commence à hésiter à descendre se retrancher au refuge de l’Oule. Mais bon, on continue et on remonte au col de Comberousse (neige à partir de 2400 m), malgré quelques gouttes qui nous refont hésiter. Mais arrivés au col, le ciel bleu est (localement) de retour, et le soleil brille : donc on continue ! Direction la Selle du Puy Gris, avec une pente qui se redresse sur la fin, mais une neige qui permet de faire des bonnes marches. Le soleil est toujours là, mais ne semble pas si fiable que ça (le ciel est beaucoup plus sombre vers les Écrins et la Savoie), donc nous laissons avec regret le Puy Gris et son arête O pour une prochaine fois. On redescend le versant S de la Selle (super ramasse J, neige jusque vers 2450 – 2500 m), et après une pause bouffe ou le temps se remet à être menaçant, on négocie l’attaque de la pente menant au col du Tépey : on passe à l’O du point 2381 (vague sente) et à l’E du point 2541, avant d’obliquer plein O vers le col (replat vers 2450 où on trouve la neige). La pente finale est un peu plus raide, et il est possible de faire de la grimpette sur les îlots rocheux émergés. Du col, on se dit qu’on va se prendre l’orage avant d’être en bas. Courte pause et descente de la Plagne Vaumard : neige jusqu’à 2500, puis bien prendre à droite d’une crête rocheuse. On récupère une petite langue de neige jusqu’au replat vers 2280 m. On aperçoit bientôt le gîte en contrebas sur la gauche, puis on peut vite suivre une sente (un peu merdique, bien travaillée par les moutons) qui mène au gîte. La gardienne nous accueille, et à l’annonce de pluie pour la nuit, nous prenons la nuit au gîte…

 

 

3-     Jour 3 : 03 août 2001 : gîte de la combe Madame => Prabert                       D+ = 1200 m ; D- = 2000 m ; d ~ 16 km ; T = 10h30 ; profil

 

Lever 7h à nouveau ; il n’a pas plu cette nuit, mais le ciel est déjà bien chargé ce vendredi matin, surtout vers le N (Chartreuse). L’alti n’a pas bougé cette nuit, mais en partant vers 8h15, les cumulus sont déjà en Chartreuse. On traverse le torrent un peu en amont du gîte, et c’est parti pour une montée 4x4 en direction du col de Mouchillon. Cette pente si agréable en hiver est une vrai cata en été : il faut remonter en passant de bloc en bloc, recherchant quand elles existent les pentes d’herbe, en restant sous le Badon. Vers 2200 m, on arrive au replat du cul du Pet. Plein de chamois s’amusent dans le cirque sous le col des Badons. Encore quelques blocs à franchir, puis enfin la neige ! Les derniers mètres sous le col sont déneigés, et en débouchant au col, on se retrouve sous une petite éclaircie. Belle vue sur les 7 Laux en contrebas, le Taillefer, grande Lance et grand Charnier d’Allemont  (couloir N toujours en neige !), le grand Pic de Belledonne bien sûr, la Belle Étoile et son relais, le pic des Cabottes, mais la Chartreuse toujours sous les gros nuages. Le Rocher Blanc est juste au-dessus, le couloir NO encore empli d’un peu de neige, et on va attaquer la descente au mieux en cherchant les névés et évitant les tas de blocs. Objectif : rattraper au plus vite le sentier qui passe entre les lacs. Ce sera chose faite vers 2200 m entre les lacs Blanc et Cottepens, et qui dit sentier dit civilisation : il y a donc d’autres personnes qui se baladent en Belledonne, mais seulement sur les sentiers J On descend donc le sentier en direction du col des 7 Laux, et après une pause bouffe au bord du lac du Cos, nous remontons au col de la Vache, par une bonne sente puis un itinéraire très bien cairné, pour atteindre la neige vers 2400 m. La pente se redresse pour sortir au col, et il est plus pratique de finir en remontant les rochers de gauche. Au col, le ciel bleu nous accompagne encore un peu, et nous en profitons pour gravir le pic de la Vache (non nommé) coté 2061 par IGN, et plutôt à 2601… De retour au col, une vieille pancarte laisse penser qu’un GR passait par là dans le temps (mais n’apparaît pas sur les vieilles cartes, mystérieux…). On suit un bout de sente et quelques cairns jusqu’au petit lac 2322, puis une bonne sente bien cairnée mène au replat 2084 sous le col de l’Aigleton. Le sentier continue alors en traversée à flanc sous le pic du Pin pour rejoindre le pas de la Coche, et là le tracé actuel du GR. Les nuages, jusqu’alors cantonnés côté Vénétier, commencent à déferler au niveau du pas de la Coche. On commence à avoir des doutes sur l’évolution du temps. Par bonnes conditions, on aurait traversé vers la brèche de Roche Fendue (des bouts de sente sont indiqués sur IGN), et soit bivouaqué au niveau des 3 Laux, soit poussé jusqu’au habert de la Pierre. On attend donc un moment au Pas, puis on tente quand même d’y aller… mais très vite le vent devient plus sensible (du N alors que ce matin il était d’O), et les nuages envahissent tout : il se met à faire frais et très humide, et surtout on n’y voit pas à 2 m… délicat pour notre programme, surtout qu’on craint en plus l’orage. Donc nous finissons par revenir sur nos pas, et descendons par le GR sur le versant Prabert. Nous sortons de la couche de nuages vers 1600, et comptons sur une bonne âme au parking pour nous redescendre sur Grenoble. Mais grosse déception : il est 18h30, et seulement 4 voitures au parking du pont de la Betta. Nous poussons donc jusqu’à Prabert espérant plus de chances : déjà cette route, elle est sacrément longue et casse-pattes, et en plus, sur la dizaine de voitures hélées, nulle ne s’arrêta… Il fallut donc se mettre en quête d’un téléphone (pas de cabine publique…), et se faire repêcher par Hermann venu de PLP. Entre temps, l’orage avait bien éclaté, et donc aucun regret d’être descendus.

Fin de notre traversée, devant un panneau routier « Allevard  25 » J

 

 

Commentaires :

 

Par bonnes conditions, le J3 aurait fini aux 3 Laux par un bivouac; et le programme du J4 aurait pu être :

a.       Brèche de Roche Fendue

b.      Col de la Mine de fer

c.       Lac Blanc

d.      Col de Freydanne

e.       Col de la Pra

f.        Freydières ou les Seiglières